Quand j'étais jeune, je voyais la forêt de Saraguay de ma maison, à Montréal. J'y allais souvent, mais juste à l'orée car on y racontais des histoires de peur. Les quelques pieds que j'explorais mes paraissait être toute la forêt et j'y découvrait des mondes de mousse et de moisissure, des êtres mystérieux qui laissaient leurs traces nocturnes et une noirceur profonde et sans fond qui m'attirait autant qui me mystifiait. J'y ramassait précieusement des petites branches mortes que je ramenais à la maison en cachette de peur de me les faire jeter comme les feuilles mortes indésirables sur notre pelouse verte ou encore, de me les faire revendiquer par les êtres sauvages de la forêt que je respectait énormément et auquel j'aurais obéis sans retenue. Sous la haie derrière la maison, je les assemblaient entre elles avec des brindilles pour me faire des bonhommes qui semblaient plus vraie que mes petits soldats en plastique vert. C'est là que j'ai découvert mon amour pour la nature sauvage des choses.
Aujourd'hui il y a des quartiers entiers de similis maisons de Barbie d'un demi-million de dollars minimum, qui sont empilées les unes sur les autres sur beaucoup plus profond que juste l'orée de mon bois d'enfance.
PA de Saguenay
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